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Cruelle adolescence – suite

23.06.2004 · Posted in General

(suite du post ci-blanké )

Henri referme son portable au plastique chaud et emprunt d’une odeur de tabac froid et collant de coca cola.
Il se lève récuperer son sweat hoodie « Ozma », et manque de trébucher sur un lacet de sa Converse.
Il sort en saluant ses parents, la nuit n’est pas prête à tomber, il doit être dans les 21 heures, l’heure pile du rendez-vous, le lieu étant à 15 minutes à pied, Henri ne se presse pas, au contraire, être en retard le conforte, comme une sécurité, un rempart qui évite la petit solitude de l’attente éventuelle, rien à voir avec le fait de se faire désirer, simplement, il aime voir Cathy au loin, arriver en marchant paisiblement, et sentir son sourire même de loin.
Cathy, elle, resserre sa ceinture, et descends ses escaliers quatre à quatre, elle esquisse un « bye » à sa mère, récupère ses clés de voiture dans le panier de l’entrée, et, sourire au vent, monte dans sa vieille 205 de 92. Poussive, mais efficace, elle roule doucement mais simplement vers le centre ville, elle a 15 minutes d’avance, sans compter le retard certain d’Henri. Elle remarque qu’elle sourit encore, elle maudit sa béatitude une minute, puis s’en accomode, la laissant reprendre le dessus sur ses émotions superficielles. C’est agréable, son coeur frémit.

In between
What I find is pleasing and I’m feeling fine
Love is so confusing there’s no peace of mind
If I fear I’m losing you it’s just no good
You teasing like you do

Henri marche sur le trottoir encore chaud de la journée, il imagine simplement les vêtements qu’elle portera, il mise sur ce jean taille basse avec sa ceinture en cuir noir simple avec une boucle Harley comme les piches, mais tellement peu piche sur elle tant il sait à quel point elle exploite au maximum son second degré. Il vote aussi sur son vieux t-shirt « Spice Girls » avec du glitter, un peu passé certes, mais réellement collector, trouvé dans une vieille fripe de Londres, cliché mais efficace, il se dit bien que d’ici la fin de l’année, ils pourraient aller tous les deux à Londres, bon trip.
Cathy est sur la place de la poste, comme prévu.
Comme prévu, elle sourit, Henri revoit ce sourire dans toutes les situations de ces derniers mois, ca lui titille l’estomac, merde, c’est vraiment pas son genre.
Pourtant, il parcourt les 3 derniers mètres aussi vite que sa pudeur lui permet, d’abord pour attraper sa main, l’attirer dans son dos et prendre sa femme dans ses bras.
Bordel de cliché d’adolescent.
Cathy ne pense plus à rien et se laisse submerger encore une fois par les vagues de chaleur dans son corps et dans sa tête.
Sur la place, il l’embrasse, con d’image du collège.
Elle pose son visage dans son sweat, sent l’odeur de la lessive, à peine mélangée au tabac de la cigarette qu’Henri a fumé en venant, les réactions de son corps se stabilisent, focalisées sur l’odorat, c’est maintenant comme une dose de cocaïne dans son cerveau.
Au moment où Henri commence à sentir un certain malaise social sur la place de la Poste, il croise le regard d’une passante.
Claire, simple et limpide jalousie.
Ce qu’il a, ce que Cathy a, cette femme ne l’a pas.
Il réflechit une seule seconde et comme Cathy plus tôt, laisse tomber ses barrières à la con, recule derrière ses préjugés, et profite de l’instant.
Pas de doute, il n’a qu’à repenser à ce soir là, ressentir l’humidité de ses larmes, leur goût salé, les picotements de l’herbe, et c’est repartit pour un tour de manège.

Lost inside
Adorable illusion and I cannot hide
I’m the one you’re using, please don’t push me aside
We coulda made it cruising, yeah
Yeah, riding high on love’s true bluish light

Vingt longues secondes passent avant qu’un mot ne sortent de leur bouche, plus guidé par de la politesse que par la volonté réelle de communiquer oralement, ils se sentent bien à communiquer par leurs gestes, rassurants, simples et efficaces.
Ils se dirigent vers le bar en échangeant une histoire sur les Colocataires.
Michel est gay, Jessyca est conne.
Simple, efficace.

« Alors Henri, elle t’a déjà sucé la bite, Cathy, parce qu’elle a une putain de bouche à pipe ! »

Simple, efficace.
Simple.
Terriblement Efficace.

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