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Cruelle adolescence

18.02.2004 · Posted in General

Longue course dans l’herbe, Cathy le rattrape, ils tombent et rient de bon coeur. Ils sont essoufflés autant par l’effort que par cet instant étrange et prenant, derrière eux, à quelques cinq cents mètres, leur groupe d’amis rient et boivent autour d’un petit feu de cartons Kronenbourg.
Allongés dans la nuit, les étoiles de Juillet éclairent seules Henri et Cathy, ils ne disent rien, rient encore, essayent de retrouver leur souffle, sur le dos, bras et jambes écartées.
The tide is high
But I’m holding on
I’m gonna be your number one

Elle prend l’initiative de se rassoir, stoppant l’instant magique, ramenant Henri à la réalité, une belle réalité, non pas crue et froide, mais savoureuse, douce et enivrante, une réalité qui n’advient qu’avant les premiers moments du couple, où les protagonistes savent avec casi-certitude que leurs sentiments sont réciproques, mais ne se le sont pas encore avoués. Ces jours de flottement entre les discussions, les regards et les sourires en coin, des instants qu’on ne vit pleinement qu’au Lycée, l’insouciance et la proximité entre élèves de même classe aidant.
A cet instant il sait que Cathy attends quelque chose de lui, mais ne peux s’empêcher de douter, il a 18 ans et c’est la première fille qu’il ne trouve pas stupide ou seulement bonnate, il ne veux rien gâcher, pourtant, il sait aussi qu’en restant inactif il gâche aussi ces moments où il pourrait la serrer contre lui, sentir sa chaleur et son odeur avec force.
Cathy, elle, a pris sa décision, ce soir elle ferait l’amour, pas de la simple baise comme depuis quelques mois avec tout ces gars rencontrés sur Meetic. C’est sûr ca lui procurait une certaine satisfaction, et c’était plutôt discret, ca passait le temps de cette Terminale interminable justement. Depuis qu’elle avait commencer à récolter des amants, Cathy avait décidé d’épargner sa bouche, celle-ci restant son Don ultime au prince charmant qu’elle pensait rencontrer avant ses 20 ans.
Henri était potentiellement bouchable se dit-elle.
Henri était absolument bouchable.
Elle rêvassait en même temps que lui, et commencait à sentir son ventre chauffer au fur et à mesure qu’elle s’imaginait les choses qu’elle souhaitait faire avec sa bouche, la seule partie de son corps qui n’avait pas été utilisée, elle la lui réservait, sa décision était prise. Est-ce que fumer autant de clopes était considéré comme souiller son Don ? Et la Junk Food ? Depuis tout le temps, elle n’avait roulé aucune pelle, embrassé aucun garçon (aucune fille non plus), c’était la seule fille à serrer des mains à tout le monde, mais aurait-elle fait tout cela pour rien, à cause du tabac et du McDo ? Elle se reprit le temps de voir Henri allumer une cigarette.
Non, ce n’était pas péché, sa bouche était encore vierge, et elle lui offrirait sa fleur, même après la centaine de Cheeseburger qu’elle avait du manger dans sa vie.
Henri ne réflechit plus, il fume simplement, laissant le tabac tourner un peu sa tête après cette course avec Cathy. Il jette sa cigarette et prends un freshmaker mentos en pensant aux Foo Fighters.
Elle se retourne vers lui, ils se sourient simplement. Elle a les yeux embués de larmes.
Everytime that I get the feeling
You give me something to believe in
Everytime that I got you near me
I know the way that I want it to be
But you know that I’m gonna take my chance now
I’m gonna make it happen somehow
And you know I can take the pressure
A moment’s pain for a lifetime pleasure

Elle se rapproche doucement, lui prends sa main et la pose sur son coeur, Henri sourit et ses yeux commencent à s’humidifier au contact doux de la poitrine mais surtout des battement rapides de Cathy. Chaque coup porte jusque dans ses orteils, font bouillir son sang et brûler son estomac, il ferme les yeux un instant et écoute les mots qu’elle lui glisse à l’oreille.
Joue contre joue, ils restent ainsi une légère minute mélant leurs larmes et relachant la pression des derniers mois, la transformant en un feu d’artifice mental, naturellement, leurs visages glissent jusqu’à s’embrasser simplement, sans fioritures, juste un baiser empli de sens et de plaisir.
Henri passe des seins de Cathy à son visage, caressant le duvet de la naissance de ses oreilles, le début de son cou, et sa nuque, finissant par l’enserrer dans ses bras.
The tide is high
But I’m holding on
I’m gonna be your number one
Number one

Ils se relèvent, main dans la main, se touchent de leurs bras et se tiennent de leurs regards, ils sourient encore de ce moment définitivement heureux, une sorte d’étape qu’ils ont franchis chacun, ils savent que ce n’est plus un simple flirt, ce n’est pas comme Meetic, ce n’est pas comme en boîte, c’est LA Chose.
Ils dérivent encore quelques minutes dans le champ, sans un mot, s’arrêtent de temps à autre pour se rassurer en une etreinte réchauffante, zig-zaggent entre les quelques arbres et rejoignent leurs amis assis au coin du feu.
« Alors, vous avez bien baisé ? AHAHAH »

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