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Simplement

28.02.2005 · Posted in General

Je me souviens ce soir simplement où il faisait chaud dans la pièce, un chaud doux et orange, comme la légère flamme d’un feu de bois genre maison de campagne, une chaleur qui reste de la journée, où le soleil est passé à travers les volets et a espéré nous toucher sur ce canapé où nous sommes encore ce soir, tous les deux. L’après-midi a été de la plus belle inutilité qui soit, nous avons attendu vaguement le soir, nous avons peu parlé et nous sentons encore tous les deux l’odeur chacun de l’autre, une odeur qui est la même depuis hier soir, quand nous nous sommes couchés.
Nous portons encore nos pyjamas, dumoins ce qui nous sert de pyjamas, toi ce gros t-shirt en coton 150g bien épais, qui après 10 ans de bons et loyaux services commence à s’éfriter par le manche et le col, mais qui a acquis avec le temps ce comfort qui fait qu’on ne le remplacerait par aucune nuisette pseudo-sexy, moi j’ai mon vieux sweat à capuche, et un t-shirt de paintball du trophée Dagnir 2005, il y a 5 ans déjà, l’année où l’on s’est rencontrés, l’année où on a passé notre première journée inutile sur un canapé tous les deux comme aujourd’hui.
Un vieux reste de coca dans un verre usé par le lave vaisselle, un pot de nutella ouvert et une cuillère souillée de la crème marron trônent sur la table basse, vestige de l’après-midi, quelques miettes grattent encore mon cou quand je me tourne pour chercher ton ventre avec mes mains, puis remonter sous ton t-shirt jusqu’à ton sein et le caresser du bout des doigts, assoupie, tu réagis d’un coup de talon sur mon pied, le film n’est pas terminé, c’est une histoire amusante, une sorte de jeune coréen perdu qui tombe amoureux d’une fille encore plus perdue que lui, mais tout en se tapant mutuellement sur le crâne d’une claque, on sent profondement leur amour et la fin du film qui sera, oh oui, qui sera heureuse.
Je me serre contre toi et enfouis mon long nez froid dans tes cheveux en respirant, puis soufflant un souffle chaud sur ton cou, tu vibres et te retournes en souriant, tes yeux sont presques collés par la flemme de la journée, tu prends ma main sous ton t-shirt et la porte à ton ventre, et doucement m’embrasse sur le nez, réchauffant cette extremité glacée et par la même tout mon corps.
Le générique de fin se pose sur la télé, une chanson gaie, nous ne regardons plus l’écran, je croise ma jambe avec la tienne, l’accroche et cherche la couverture qui tombée, manque à garder encore plus de chaleur entre nous, la remets sur nos pyjamas élimés, et laisse le film se terminer en te racontant combien c’est trop bien les films coréens, tu souris encore, et tu me dis combien c’est trop bien les dimanche comme aujourd’hui, passe ta main dans mon dos et me serre encore contre toi, m’embrasse au Nutella, baiser sucré et chaud, puis au bout de quelques secondes me quitte, te lève du canapé, replace la couverture sur mes jambes et mes pieds, t’éloigne doucement sur la pointe de tes pieds nus et d’un clin d’oeil complice repart dans ton monde, loin de moi, le film est terminé, tu reviendras peut-être passer ce dimanche infini dans 5 ans ou dans 10, peu importe, tout ce qui se passe entre ces jours-là n’est utile qu’à me faire patienter pour te voir, te sentir et t’aimer, j’attendrais encore, il n’y a pas de problème d’impatience brûlante, de besoin pressant, juste la certitude que nous serons tous les deux, et que ce ne sera rien d’autre qu’à chaque fois le plus beau jour de ma vie, encore.

Je remonte ma couverture et pense encore à ta peau et à ta chaleur, à l’odeur que la nuit avait laissé sur toi, oh ce n’est pas une odeur comme celle qu’on vend dans les parfumeries, c’est l’odeur de la sueur, du vieux déodorant, du lit, des draps et de la lessive, mélée à celle du sexe et à la mienne, une fragrance incomparable qui nous appartient et qui est absolument unique, que je refuse de laisser disparaître dans une douche.
Je m’endors sur le canapé, en rêvant de choses extraordinaires comme par exemple que je joue à Quake, demain je serais prêt pour recommencer à t’attendre, tu m’as redonné un peu de la dose de toi, suffisament pour survivre et espérer, maintenant je peux enfin me reposer, tu m’aimes, et rien ne compte plus que ca pour moi.

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