Parfaite Inconnue
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble aussi parfait qu’inconnu.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble parfait.
Tout ignorer de quelqu’un, y a rien de mieux pour le trouver sans défaut, sans lacune. Pour imaginer que son ramage se rapporte à ses plumes. Une jolie gueule un matin, ça donne envie de s’arrêter pour échanger trois mots sans grand intérêt, puis se dire bon, les mots étaient de trop. Ne pas poser de question, ça vaut mieux pour garder sa première impression, et que cette impression-là est belle et douce.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble aussi parfait qu’inconnu.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble parfait.
Ne pas savoir d’où il vient, y a rien de mieux pour lui trouver le charme fou des métis. Pour imaginer que dans ses veines coulent Oslo et Tunis. Lui donner, ça coûte rien, des origines insolites et rares, c’est excitant. D’autant qu’assez vite on apprendra qu’il est de Lille ou Caen. Ne pas poser de question, ça vaut mieux pour garder sa première impression, mais que cette impression-là est éphémère.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble aussi parfait qu’inconnu.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble parfait.
Ne chercher que l’incertain, y a rien de mieux pour éviter la routine et l’ennui. Pour imaginer que l’inconnu est ce qu’on veut de lui. Quand on le connaît enfin, là il devient si imparfait si chargé de défauts, qu’il en est charmant, unique, humain, sans doute encore plus beau. Ne pas poser de question, ça vaut mieux pour garder sa première impression, mais que cette impression-là est inutile.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble aussi parfait qu’inconnu.
Ah ! Comme ce parfait inconnu semble parfait.
Jeanne Cherhal – Parfait Inconnu