Zero
My reflection, dirty mirror
There’s no connection to myself
I’m your lover, I’m your zero
I’m in the face of your dreams of glass
De retour sur sa phase ascendante, la Lune l’emporte avec elle, sale pute de Lune, me le rendras-tu un jour ? Je n’ai pas eu le temps de m’habituer à la piqûre de sa barbe naissante que déjà tu me l’enlèves ? Apparu ce soir là dans ce bar, inattendu et éphémère, re-apparu le lendemain à ma porte, il a frappé doucement, effrayé de me déranger, alors que je n’attendais que lui sans y croire. Et encore hier soir, il est revenu, m’attendant à la sortie de l’immeuble, à l’heure pile où je me sauvais faire des courses.
Ce soir, à la nuit tombante, il n’est pas venu ; il est parti.
So save your prayers
For when we’re really gonna need’em
Throw out your cares and fly
Wanna go for a ride?
Ses pieds portaient la marque de mauvaises chaussures, une corne épaisse marquait son gros orteil et le dessous de son talon, virant sa peau au jaune par endroit, l’ongle de son petit doigt frisait l’imperfection, et pourtant, je l’ai fixé une longue minute, remontant le long de ses jambes et de son jean, sa ceinture de cuir noir à la boucle bronze et son t-shirt kaki, il virait au jaune aussi sous ses aisselles, Dieu qu’il devait avoir une sueur acide pour en décolorer ainsi ces vétements, je fus dégoutée un instant, et c’est l’odeur de sa sueur mélée à celle du tandoori qui cuisait dans la cuisine qui me fit retomber dans l’analyse de son corps étendu sur mon lit, lisant un vieux bouquins à la tranche colorée en rouge, de ceux qu’on trouve par dizaines sur les bords de Seine.
She’s the one for me
She’s all I really need
Cause she’s the one for me
Il a rit bêtement, quand je l’ai vu la première fois, il riait d’une blague de blonde que j’avais reçue 10 fois par e-mail. Il portait aussi cette afreuse chemise en laine à carreaux rouge et verte, il est flasque et presque gros. J’ai senti son regard, la Lune se levait derrière lui, ironique petite pute de Lune, va chanter avec Mecano en Espagne, laisse le ici avec moi, tu me donnes un cadeau, et tu me le reprends aussitôt, ne te lève plus jamais en face de moi.
Il rôte. Il me parle de son ordinateur. Il me parle de ses études de Physique. Je le trouve ennuyeux, son visage me captive, il a tout ce que j’aime, son nez fin, ses sourcils épais et droits, une légère barbe et un front marqué, ses cheveux coupés courts soutiennent une paire de lunettes de soleil, jamais de ma vie je n’ai souhaité poser mes lèvres sur une bouche aussi moche. La Lune en a décidé autant, je l’ai fait parce que je ne pouvais m’en empêcher, mon coeur était tellement brûlant sous ses regards, que j’ai presque chancelé dans ses bras.
Emptiness is loneliness, and loneliness is cleanliness
And cleanliness is godliness, and god is empty just like me
Intoxicated with the madness, I’m in love with my sadness
Tu me l’as enlevé, oh je m’y attendais, tu souhaites toujours traiter les filles comme moi de cette manière, tu m’as vue, je concurrençais ta lumière, j’étais la seule à ses yeux, tu n’avais plus de place dans son coeur, tu l’as accroché jusqu’au bout, et comme un élastique trop longtemps tendu, j’ai cru qu’il allait céder et rester dans mes bras. Je l’ai tiré, tiré, tiré, et tu as été plus forte, je ne peux être au-dessus d’un astre, il est reparti, tu l’as repris, garde le maintenant, lui et ses affreuses chemises, ses stupides phrases creuses et sa manie de me demander de le sucer en permanence. Oh je l’ai fait quelques fois, j’ai cru vainement que mon corps tangible pourrait le retenir plus que ta lueur diffuse, mais tu etais sûre de toi, tu savais qu’il te reviendrait, tu l’as laissé jouer avec moi.
Et j’ai bien joué avec lui.
Bullshit fakers, enchanted kingdoms
The fasion victims chew their charcoal teeth
I never let on, that I was on a sinking ship
I never let on that I was down
You blame yourself, for what you can’t ignore
You blame yourself for wanting more
Ma tête tourne.
Je dors, je suis seule, son corps lourd a laissé un désequilibre dans le matelas, je m’y replonge, je rêve de la rue, des trottoirs sur lesquels je marche tous les jours, ils sont chauds comme en Juillet sous mes semelles de caoutchouc fin. Je retire mon t-shirt à manche longue pour être plus à l’aise avec seulement mon débardeur, une bretelle de mon soutien-gorge en profite pour filer sur mon biceps, je la laisse virevolter quelques secondes avant de la remettre à sa place.
La laine de sa chemise a laissé des brûlures sur ma peau, je veux sentir sa barbe me frotter le ventre comme du papier de verre pendant que son souffle se repose sur mon plexus.
She’s the one for me
She’s all I really need
She’s the one for me
She’s my one and only