Cruelle adolescence – suite et suite
Henri avait chopé un drôle de rhume, du genre qui coule de partout, avec la voix rauque et les joues brûlantes. Il avait séché et préféré rester dans son grand futon la journée entière, à jouer à God Of War sur sa PS2, histoire de fustiger un peu la maladie par l’aggressivité virtuelle.
Cathy l’avait rejoint peu après 16h dès qu’elle avait pu se libérer, elle avait amené du thé tu trouvé dans une épicerie chinoise à Paris, elle savait que le goût très puissant mélangé à de l’eau brûlante et une cuillère de miel de bruyère pouvaient venir à bout de la pire maladie, si tant est que vous croyiez aux remèdes de grand-mères, la psychologie est aussi un élément essentiel du médicament.
Henri éteignit la console, ralluma la chaîne qui joua Yo La Tengo et enfila son vieux sweat noir spécial journée à la maison, il restait dans le lit à attendre Cathy qui entassait sur le plateau quelques morceaux du gâteau marbré au chocolat qu’elle avait préparé hier dans une petit asiette, ainsi qu’un mug noir pronant la non-violence sur les animaux, fûmant du thé à l’odeur forte.
Elle avait aussi rajouté quelques cookies réchauffés au micro-ondes pour parfaire le goûter, et amena le tout à pas de velours, de peur de renverser le moindre élément.
Elle posa le plateau sur le lit, et avec un sourir vint s’allonger sur l’épaule d’Henri qui dans un sourire grogui lui souffla un merci alors qu’il commençait à tremper le marbré dans le thé.
Après quelques minutes de dégustation, ils prirent le temps de se reposer l’un contre l’autre, de fermer les yeux et de simplement laisser la musique les bercer, accompagnant le soleil d’hiver vers la nuit, il régnait une chaleur agréable dans la chambre, et ils somnolèrent jusqu’à 20h, quand Cathy décida de rentrer chez elle pour finir tout ce qu’elle avait en retard, elle posa un baiser long de quelques secondes sur les lèvres puis le front d’Henri, et reparti mettre sa veste en laine noire épaisse et compacte, criant un « à demain repose toi bien » à la porte, la vérouillant en partant.
Plus tard il écrit sur son carnet :
« Depuis 2 ans que Cathy et moi nous connaissons, je n’arrive toujours pas à trouver un trait qui me déplaît en elle, pourtant, j’ai eu tellement peur que j’ai cherché, j’ai été exigeant, j’ai voulu dénicher son défaut, LA chose qui allait faire qu’au bout de quelques mois je ne l’aimerai plus, comme les autres avant elle. Et là, rien. Il n’y a rien qui me déplaise en elle. Je n’entends pas par là qu’elle est parfaite, au contraire, c’est juste qu’il n’y a rien que je n’apprécie pas en elle, je reste sidéré tous les jours à quel point vivre avec elle, la fréquenter, discuter, faire l’amour et passer mes week ends en sa compagnie est vraiment toujours aussi agréable et jamais lassant, je ne comprends pas, je me lasse de tout le monde, mais pas d’elle »
La sonnette de la porte retentit, ils débarquent avec une pizza juste chaude, la jettent sur le lit.
« Alors, tu l’as enculée ou pas Cathy ? J’ai misé des sous là dessus »
(Ce texte fait suite à Cruelle Adolescence II)