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Traumatisme lié à l’enfance

21.12.2002 · Posted in General

Oui je traîne sur IRC, et là, je fais des rencontres parfois intéressantes, parfois pas du tout.
Il y a un moment, une dame qui fait des nez à ses smileys m’a ouvert les yeux sur un problème intéressant, les Troubles Musculo-Squelettiques, liés aux mauvaises habitudes de poses durant l’utilisation d’un ordinateur quelconque.
Ok, moi je m’inquiète aussi, j’ai mon avant-bras qui me fait mal et tout, comme tout bon informaticien (même les mauvais aussi, mais là je dis que je suis bon, parce qu’il faut que je sois crédible). Mais là … je crois qu’il y a un problème.
En effet, lisez bien le lien que je vous ai donné plus haut … vous ne remarquez rien ?
Moi si.

En CE2, j’ai changé d’école, j’étais jusqu’alors largement premier en classe, j’avais des lunettes.
A la remise de mon premier bulletin trimestriel, j’arborais une note du genre 9.88, un truc l33t quoi, qui allait rendre ma maman fière, mon papa content, et aller m’occasionner un Lego, ou un Playmobil, dumoins je l’ésperais, mais je n’avais souvent rien, mes parents n’étant pas du genre à fonctionner à la carotte.
Seulement, ce jour là, j’appris aussi à connaître une de mes nouvelles camarades qui allait me montrer un type de personnes que je connaissais alors heureusement pas.
C’était Florence (pas la même que l’autre, enfin bref, Florence du primaire, pour simplifier).
Cette fille, tout simplement forte en classe, avait pour ambition d’être parfaite. Ou plutôt, elle n’avait pas d’ambition, ca pourrait passer pour un défaut, elle était parfaite dans tout, naturellement, et aisément. Parfaitement.
Cette fille avait 9.90.
Je veux dire, pas 9.89, non, 9.90, ce qui fait 0.02 points de plus que moi, un océan, qui corespondait uniquement à une note. Cette note, c’est simple, c’était la poésie, là où l’institutrice (vieille et moche, mais gentille) nous avait demandé les 5 premières lignes à apprendre par coeur, là où moi j’avais passé des heures à mémoriser ces mots insipides, inutiles et ininteressants de Ronsard ou de tout autre stupide poète à la manque, ELLE, FLORENCE, elle apprenait tout en entier, et le récitait avec la facilité de quelqu’un qui l’aurait pensé et dit dans l’instant. Avec les intonations, les regards, et les trucs d’acteurs forts. La perfection de la récitation était atteinte, je ne pouvais rien faire. Pour concurrencer, il aurait fallu que j’abandonne tous mes vices, mes Playmobils, mes Lego, ma télé chérie avec Patrick Sabatier qui passait les clips de Michael Jackson, les Mask, etc, etc.

Depuis, j’assume avec assurance ma non-perfection, en me disant seulement une chose : ELLE n’a jamais connu tout ce que moi j’ai pu connaître, tout ces Roal Dahl que j’ai lu et qu’elle avait mis de coté pour d’autres lectures sûrement plus « saines », tous ces clips sur TV6 qu’elle n’a pas pu connaître, Cock Robin, Dire Straits, je suis fier d’avoir vécu normallement, et d’avoir été 2e, voire 3e de la classe pendant tout le reste de ma primaire.

Seulement voilà, quand je lis Climb To The Stars, je retrouve Florence de primaire.
Cette fille qui a une idée bien précise de la vie, et qui la guide vers la perfection par tous les moyens possible, que ce soit en décidant d’abandonner définitivement les tables en html pour des raison aussi obscures et paradoxales qu’elle ne peuvent être qu’édictées que par un dev. de chez Apple, ou encore en parlant avec assurance de l’utilisation de logiciels tels RSIGuard qui vous oblige à prendre des pauses en bloquant purement et simplement votre PC.
Ce n’est pas par petits exemples que je pourrais vous décrire pleinement le malaise que je ressens en lisant ce blog très très riche, avec des textes longs, clairs, précis, extrèmement renseignés (« je rencotre mes amis d’internet => hop un lien vers l’analyse psycho des rencontres virtuel => réel »), avec des balises name sur les liens qui contiennent une encyclopédie à chaque fois, bref, c’est parfait.
Une personne en harmonie visiblement avec elle même !
Mais moi je déteste ca.
Il n’y a rien qui dépasse.
Voyez, ma Tartofrez, je l’aime, parce qu’elle crie quand des gens parlent derrière elle au cinéma, elle ne leur dit pas « Pouvez-vous faire moins de bruit car je vous entends parler, et ca me gène », elle leur dit « Vos gueules ».
Au fure et à mesure que j’ai parcouru ce site, j’ai ressenti une personne désagréable parce que justement, trop agréable. Je suis sûr que discuter des heures avec elle serait plus qu’interessant, et enrichissant, mais le problème, c’est qu’elle aurait toujours raison, et ca, c’est insupportable.
Détenir la science de la perfection, chercher à l’atteindre, contraindre ses habitudes pour arriver à son but, penser pertinemment que ce que l’on fait peut être amélioré et optimisé à chaque instant, c’est beau, mais c’est chiant.

Une dernière chose qui m’a effrayé, c’est l’énumération des visites médicales, de la phobie de la maladie, ou du défaut potentiel de santé.
Je vous incite fortement à parcourir le site pour comprendre à quel point une visite chez l’ORL parce qu’on à mal à la gorge de trop dicter les commandes à son PC à cause d’un TMS (voir plus haut) de l’avant-bras, est absolument effrayante.
Moi ca m’a fait flipper pour ses futurs enfants.

Est-ce qu’un gosse avec une maman comme ca pourra-t-il vivre autrement que contraint de travailler en permanence pour être premier ? ne pas pouvoir jouer aux jeux cons qui collent, qui puent, bouffer du McDo dégueu rien que pour avoir le petit cadeau naze en plastique, se faire des croutes au genou, casser des verres, pisser debout dans le jardin, sortir avec des filles sur la bouche, porter des vétements plus jolis que fonctionnels ?

Je revendique le droit à la médiocrité, à la normalité, et surtout, je revendique le droit d’avoir tort mais de ne pas changer d’avis, et raison quelque fois, mais de changer d’avis tout de même, le droit de me négliger, de vivre sans penser aux autres, de laisser crever les somaliens en connaissance de cause, et de laisser mon avant bras avoir mal sans prendre 4 semaines d’arrêt maladie, et tout ca au nom de rien du tout, juste comme ca.

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